Nolan se dandinait joyeusement dans les couloirs du pensionnat. Il affichait un sourire largement étiré sur son visage pâle, on pouvait entendre de petits couinements qui s'échappaient de la bouche de June, sa mascotte. Nono était tranquillement entrain d'essayer d'enlever les chewing-gums qu'un élève avait trouvé bon de coller dans la tignasse de la poupée. Et oui, ça l'amusait Nono de faire ça, vous voulez certainement savoir pourquoi? Simplement parce qu'il était d'humeur à se venger de cette petite enquiquineuse qui ne trouvait rien de plus drôle à faire que de le rappeler à l'ordre toutes les deux minutes quand il vidait un paquet de bonbons. C'était bien fait pour elle, et à chaque petit cri de douleur ou plainte de la par de June, Nolan riait. Sadisme en puissance? Oui, on pouvait dire ça comme ça. Après tout, une matinée de cours ne pouvait pas bien se finir sans une petite séance de chamailleries.

Puis ses pensées s'éloignèrent de son activité principale, il pensa à ce que pouvait bien faire sa sœur en cet instant précis. Il savait qu'elle avait énormément de travail à faire en cette journée, et lui, comme toujours dans la Lune, avait trouvé bon d'oublier de l'attendre dans la salle à manger. L'albinos passa une main sur son visage pâle et poussa un énorme soupir, il était agacé de lui même et de sa mémoire de poisson rouge. Il n'y avait vraiment que lui pour oublier des choses aussi importantes. Bon, il fallait dire que June avait le don de lui embrouiller l'esprit, elle parlait tellement qu'en général, c'était ça qui lui faisait totalement zapper ce qu'il avait à faire lors de ses journées. Il secoua un peu la tête et posa à nouveau son regard sur sa mascotte en arborant un sourire sadique.

"June, dis moi...
- Oui patron?
- Est-ce que tu tiens vraiment à tes cheveux?
- Que... HEIN?! Pourquoi cette question?! Vous ne tenez quand même pas à me raser la tête!
- Qui sait... Huhuhu...
- Mais vous êtes complètement fou!
- Répète pour voir?"

Nolan sortit un ciseau de la poche de son manteau violet à queue de pie (oui, c'est le genre de type à avoir des trucs que personne n'a sur lui) et l'avança lentement, toujours souriant, vers la tignasse de la poupée. Celle-ci émit un petit cri d'effroi et commença à se débattre dans la main de son propriétaire. Visiblement, sa chevelure était la chose la plus fondamentalement importante aux yeux de June. Et, alors que Nono commença à écarter les lames pour éradiquer l'existence d'une fourche sur le crâne de sa mascotte, il entendit soudain une voix non loin de là. Le professeur releva la tête et observa les alentours. Il était tellement absorbé par sa séance de torture qu'il n'avait pas remarqué qu'il était arrivé dans la zone des salles de réveil.

Aussi, il s'avança vers l'endroit d'où provenait la voix et ouvrit lentement la porte en la poussant de la paume de la main. Il arborait cette fois-ci un sourire à la limite de l'effrayant, son œil valide grand ouvert. Il brandissait ses ciseaux en les fermant et les ouvrant successivement pendant que June continuait de paniquer en couinant. Il observa l'inconnu en ricanant légèrement. A son air paumé, il devait certainement venir de débarquer. Le pauvre ne devait vraiment pas comprendre ce qu'il fichait là, ça allait rendre la situation encore plus drôle. Nolan resta alors dans l'encadrement de la porte et fixa toujours intensément celui auquel il allait à présent adresser la parole.

"Et bien! Qu'avons-nous là...
- Je dirais que c'est un être humain chef.
- Je te rappelle que je peux encore me servir des ciseaux June."

La poupée prit un air effrayé et se tut, toute raidie de stress. Et le professeur reporta son attention sur l'individu à l'air totalement stone.

"Vous semblez perdu à ce que je vois. Mais ne vous en faites pas, on se fait vite à la vie en hôpital psychiatrique. Je suis le Docteur Verney, c'est moi qui vais m'occuper de votre cas. J'ai lu votre dossier d'ailleurs : vous avez développé un beau DMD5, autrement dit : Délirium Majeur de Degré 5. Vous ne faites pas les choses à moitié on dirait. Alors, vous vous sentez comment après la séance d'électrochocs* de tout à l'heure? Plus détendu?"

Les mauvaises blagues, il n'y avait rien de plus beau. Surtout quand on était un acteur du rang de Nolan et qu'en plus, on avait en face de nous un être humain parfaitement déboussolé. Aaaah la vie était si douce en ce jour. Il ne manquait plus que sa sœur pour venir couronner le tout. Nono était presque sur qu'elle rentrerait dans son jeu. Après tout, ils n'étaient pas fusionnels pour rien, non?

*au cas où, petite page historique : les électrochocs étaient une technique qui visait à "purifier" le cerveau des malades en hôpitaux psychiatriques à coups de décharges électriques.