 Sujet: Retour à la Réalité [Libre] ![Retour à la Réalité [Libre] Empty](https://2img.net/i/empty.gif) Jeu 28 Juin 2012 - 20:51 | | | | ♣ Messages : 22
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![Retour à la Réalité [Libre] Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) | | | Un silence, envoûtant, percutant. Puis des sons épars, venant de droite ? Ou de gauche ? Je ne saurais le dire. Je ne parvenais pas à les identifier, comme si j’étais sortie de mon propre corps. On aurait dit des bruits de pas, puis un autre, plus sourd. Un corps qui s’affaisse ? Je n’étais pas sûre, je voulais savoir. J’essayai de soulever mes paupières mais elles s’obstinèrent, définitivement closes. Bouger un bras, oui, il fallait se mouvoir. Mais mon corps semblait s’apparenter à du caoutchouc ! Par quel enfer ?! Soudain une voix familière retentit, comme sortie de mon imagination. « Anya ! Anya où es-tu ? » C’était LUI, j’en étais certaine. Je voulus lui répondre et poussai un cri qui se perdit comme absorbé par ce silence inquiétant. Il devait absolument savoir que j’étais là, que je ne l’avais pas abandonné.
« Par ici !! » Cette fois-ci, le son sortit avec violence de ma bouche mais je ne reçus en retour aucune réponse. Etais-je morte ? Non je respirais. Mon souffle s’accéléra, je ne m’étais pas résignée à ouvrir mes paupières. Luttant encore quelques instants, mes yeux finirent par s’ouvrir sur une obscurité ténue. C’est alors que la réalité me frappa de plein fouet.
Je me mis à frissonner, l’air était frais. Il faisait nuit et les seules lumières provenaient de la voûte céleste et d’une grosse lune, me narguant presque. Je poussai un gémissement, je souffrais.
La douleur aigüe semblait provenir de mes avants bras, témoignant de profondes piqûres. A force de persévérance, je finis par réussir à mouvoir chacun de mes membres. Je me sentais presque comme une momie égyptienne reprenant vie après plusieurs millénaires d’errance dans le royaume des morts. Peu à peu, mes yeux s’habituèrent à l’assombrissement ambiant. Un hululement sinistre me fit sursauter, suivi par un craquement à peine audible. Je n’étais pas seule. Mon cerveau commença à sortir de sa torpeur ou devrais-je plutôt dire, de l’état anesthésique dans lequel on l’avait plongé. Un tas de questions me parvinrent à l’esprit ainsi que plusieurs visions.
Je me souvenais de deux hommes, deux hommes étranges. La porte de mon appartement détruite. Un long frisson me parcouru l’échine. Je venais de faire le rapprochement entre la difficulté à me mouvoir, les piqûres dans mon avant bras et ces deux individus : L’hôpital psychiatrique.
Nouveau craquement. Apeurée, je rampai à plat ventre dans l’obscurité, mes jambes étant encore trop faibles pour supporter mon poids. Ils ne devaient pas me trouver. Non je ne voulais pas y retourner. Mes mains rencontrèrent la face rugueuse de racines, j’étais au pied d’un arbre. Je m’y adossai un moment, essayant de calmer mes angoisses, l’oreille alerte. J’étais dans une forêt mais plutôt clairsemée : l’odeur de mousse humide de rosée et de terre battue me venaient aux narines par vagues d’odeurs et une pelouse assez douce me chatouillait les doigts de pieds. Essayant de me calmer, j’élaborai plusieurs hypothèses quant à la situation actuelle : Je devais avoir fui une première fois mais je n’en gardais aucun souvenir. La façon dont je m’en étais sortie restait un mystère. En effet, comment aurais-je pu courir hors de ma chambre alors que je ne parvenais pas même à me tenir sur mes pieds ?
A présent j’en étais certaine, je n’étais pas seule : les bruits de pas se rapprochaient. L’individu ne devait pas être bien lourd car c’est plus au froissement des feuilles et au craquement des brindilles que je me convainquais de sa présence. Je cherchai à tâtons un objet. Enfin, la providence me sourit : Un bâton. Il n’était pas bien lourd pour que je puisse le porter mais ce n’était pas important, le tout était de savoir s’en servir. M’agrippant au tronc de l’arbre, je me redressai, frêle et levai ma garde. La présence se rapprocha dans ma direction. Je parvins à contrôler mon souffle grâce à la concentration. C’est alors que je remarquai un nouveau son. Il était continu, comme un fond musical mais naturel : de l’eau qui courre. Y avait-il vraiment une cascade dans le jardin privé d’un asile pour fous ? A moins de disposer de moyens financiers grandioses, je me demandais combien d’hôpitaux psychiatriques en Russie en étaient dotés. Et d’ailleurs, il faisait trop doux pour un mois de novembre. Cette pensée me fit éprouver de nouvelles sueurs froides et me confortaient un peu plus sur mon idée de départ. Peut-être étais-je vraiment morte finalement. Je sursautai, la présence se trouvait tout près, juste derrière moi. L’heure n’était plus aux questions, j’aurais tout le temps d’y songer ensuite. Mes mains serrèrent un peu plus mon bout de bois, je l’attendais. Je fermai les yeux puis lorsque je la sentis passer à côté de moi, j’abattis avec toute la force que je possédais ma futile arme sur l’échine de l’individu. Un chandelier tomba au sol, je fis un bond de côté pour l’éviter et m’étalai par terre. Je plissai les yeux, le soudain halo de lumière me brûlait la rétine. Je distinguai une forme gisant sur l'herbe. Elle ne ressemblait pas à un garde fou habituel. M’étais-je trompée ? Difficile à dire, mon corps devait de nouveau s’adapter à son environnement. Je me trainais légèrement en arrière, méfiante. Je me relevai en gardant une main sur l’écorce de ce qui semblait être un pommier, tâtant de l’autre le corps gisant au sol. Je n’avais pourtant pas frappé si fort pour lui faire perdre conscience… Etait-ce un piège ? Je fronçai les sourcils. Je titillais de nouveau l’individu du bout de mon arme, la plantant sans vergognes dans ses côtes, guettant une réaction.
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